MÉDECIN TRAITANT ET EMPLOYEUR : CHACUN A SON RÔLE À JOUER
Soyons clairs d’entrée de jeu : un accident, une maladie, les problèmes de santé d’un proche, ça peut arriver à tout le monde, en tout temps. Certains employés s’absentent quand même trop souvent ou trop longtemps. Plus que jamais, la nécessité pour un employeur d’assurer la continuité de ses opérations et la disponibilité de sa main-d’œuvre passent par une gestion sérieuse des absences lorsqu’une raison médicale est alléguée. Le point de départ de cette gestion, c’est l’attention accordée aux certificats médicaux pour pouvoir prendre la décision appropriée, quitte à en demander davantage. Trop d’employeurs pensent que la signature d’un médecin efface leur droit de gérance. Si les connaissances scientifiques du médecin et son lien privilégié, lorsque c’est le cas, avec son patient sont importants, son avis peut néanmoins soulever des questions légitimes. Le médecin traite une maladie susceptible d’affecter la capacité à travailler. L’employeur gère des employés et la production. Chacun a son rôle à jouer.
Est-ce que le médecin dispose de toutes les données pertinentes ? Le médecin connaît-il vraiment les fonctions exercées par son patient et est-il certain que la condition médicale alléguée est incompatible avec celles-ci ?
Est-ce que le certificat médical semble surprenant, voire contradictoire avec ceux qui l’ont précédé ? Une guérison totale est pour le moins curieuse si un arrêt de travail de trois mois a été recommandé deux semaines auparavant pour un diagnostic sévère.
Est-ce que l’employeur est tenu d’accommoder un employé selon les directives du médecin ? Pourquoi un retour au travail progressif s’échelonnant sur trois mois est-il nécessaire après une absence de six mois en raison d’une entorse lombaire ? Cela peut sembler excessif.
Prenons un autre exemple : une enseignante remet un certificat médical indiquant : « doit avoir un tableau interactif dans sa classe ». Ce certificat médical ne justifie pas automatiquement l’achat de celui-ci. Quel est le problème de santé de l’enseignante et ses conséquences ? Qu’est-ce qui l’empêche d’enseigner sans ce tableau ? C’est en obtenant une réponse à ces questions que l’employeur pourra décider s’il peut accommoder cette enseignante en raison d’un handicap, sans contrainte excessive. Et cette solution du médecin n’est peut-être pas celle qui sera finalement retenue.
Questionner le médecin ne doit pas se faire au détriment d’une certaine confidentialité. L’employeur doit agir avec transparence. Cela ne devrait toutefois pas l’empêcher de poser les questions nécessaires à une prise de décision éclairée.