Négociation d'une convention collective - l'imagination: premier outil de travail

L’imagination est la clé pour sortir de plusieurs impasses. En prenant connaissance de certaines demandes syndicales ou en assistant à leur évolution, l’employeur a souvent le réflexe du refus, tout en sachant bien que ce refus ne satisfera pas le syndicat et l’obligera à passer à d’autres étapes.

Comme dans un match d’échecs, vous devez prévoir à l’avance quelles seront ces étapes.  Une contre-proposition peut-elle être présentée? Avoir deux ou trois contre-propositions sous la main pour concéder la partie acceptable de la demande syndicale est souvent une façon de s’en sortir pour éviter de concéder la partie dommageable de cette demande pour l’entreprise.

Les solutions imaginatives ne sont souvent que le réaménagement de la façon de faire et vous n’avez pas toujours à réinventer la roue. Parfois, la lecture d’autres conventions collectives vous inspirera une nouvelle solution. Patrick Audebert écrivait :

La création, en musique, ne vient pas de l’invention de nouvelles notes, mais de la combinaison des notes existantes en séquences différentes dont chacune reflète une idée musicale unique (Le Nouvel Économiste du 12 décembre 1996). Il en va de même dans la négociation, où il ne s’agit pas de " réinventer " les techniques ou les processus, mais de trouver des solutions originales permettant de débloquer des situations, ouvrant ainsi la possibilité aux négociateurs d’arriver à un accord mutuellement satisfaisant. Il n’y a pas de créativité spécifique à la négociation.¹ 

Il est difficile de faire ce genre d’exercice face à face avec le syndicat et de répliquer parfois en quelques secondes, dans des circonstances où notre côté émotionnel veut davantage répondre que notre côté logique. Là encore, vous devez revenir à vos contre-solutions antérieures, et ce, même si vous devez revoir votre équipe interne de négociation. Si vos solutions ne reçoivent pas l’accord, vous devrez vous livrer à un remue-méninges pour établir de nouvelles alternatives ou des propositions différentes.

Retenez qu’il demeure possible qu’en bout de piste, vous ne puissiez satisfaire la demande syndicale, même minimalement, et que dans ce cas, votre comité doive vous appuyer sur des façons nouvelles ou plus claires d’expliquer votre refus.

Il est souhaitable d’avoir non seulement des propositions de rechange pour les demandes patronales, mais également des explications de rechange pour les refus que la partie patronale fera à la partie syndicale. Parfois, la discussion vous fera voir le problème sous un autre angle et vous devrez reconsidérer votre position face à une demande insistante du syndicat. Bien sûr, votre rapport de forces n’est pas étranger à votre obligation de continuer de rechercher une solution pour éviter toute propension au conflit. Souvent, disséquer le problème avec votre équipe vous fera réaliser que la demande présentée comme un problème d’ordre général ne vise qu’une situation particulière, et il est alors possible de régler ce problème sans procéder à une révision générale de la convention collective.

1. Patrick AUDEBERT, "Bien négocier", 3e éd., Parais, Éditions d’Organisation, 2005, p. 603.

Si vous désirez obtenir plus d'information à ce sujet, nous vous invitons à participer à l'atelier sur la négociation d'une convention collective ou à communiquer avec l'un ou l'autre des avocats de notre cabinet.

L’équipe Le Corre & Associés, s.e.n.c.r.l.

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